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Immobilier : Pourquoi le patron de Century 21 ne croit pas à une “bulle immobilière”

Par Eric Treguier le 15.03.2020 à 12h29ABONNÉS

INTERVIEW – Alors que les prix de l’immobilier ont augmenté de 25% en dix ans en France, progressant encore de 6,6% en moyenne l’an dernier à Paris, le patron de Century 21 ne croit pas à une “bulle immobilière”.

Les prix de l’immobilier ont encore progressé de 6,6% en moyenne l’an dernier à Paris, pas suffisant pour imaginer une “bulle immobilière”, selon le patron de Century 21.

AFP

Tandis que les prix de l’immobilier ont augmenté de 25% en dix ans en France, et continuent de grimper de 6,6% en moyenne l’an dernier à Paris, le patron de Century 21 ne croit pas à une “bulle immobilière”. Il nous explique pourquoi.

Challenges – Le Haut Conseil de stabilité financière, émanation de la Banque de France, demande aux banques de prêter avec davantage de discernement. Cela signe-t-il la fin du dynamisme immobilier ?

Laurent Vimont – Pas du tout ! Les déclarations de la Banque de France ne devraient pas infléchir le dynamisme d’un marché porté par des taux bas. Et qui devrait rester très actif. Nos agences ne sentent pas d’inflexion de la courbe : l’année dernière, l’activité a progressé de plus de 10 %, et depuis janvier, nous sommes sur la même tendance. De plus, nos acheteurs ont en moyenne 20 % d’apport personnel et des plans de financement très solides : ils ne sont pas concernés par les mises en garde des autorités.

Avec des prix qui ont augmenté de 25 % en dix ans, et parfois bien plus dans certaines villes, n’est-on pas en pleine bulle immobilière ?

Pour qu’il y ait une bulle, il faut qu’il y ait de la spéculation. Ce que l’on observe dans nos agences, ce sont des gens qui achètent pour habiter, et, pour un quart d’entre eux, pour investir sur le long terme. Mais pas pour spéculer. Ce qui a fait monter les prix, ce n’est pas la spéculation, ce sont les taux bas, et tant qu’ils resteront bas, le marché restera dynamique. Je ne vois, à ma connaissance, aucune bulle à l’horizon.
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Pourtant, les acheteurs ont de plus en plus de mal à compenser la hausse des prix : en dix ans, le pouvoir d’achat à Bordeaux, par exemple, a baissé de 15 %, et les prix ont cessé d’augmenter…

Ce calcul de pouvoir d’achat est vrai, mais il n’est pertinent que pour ceux qui achètent pour la première fois. Or, la plupart des acquéreurs dans les agglomérations revendent avant d’acheter, et profitent donc, eux aussi, de la hausse des prix, surtout s’ils achètent moins grand ou en périphérie. Le Parisien qui a acheté à 200 000 euros et qui revend à 400 000 euros est le premier bénéficiaire de l’augmentation des prix, d’autant qu’il a pu rembourser une partie de son crédit entretemps, ce qui améliore son apport personnel.

N’y a-t-il pas une sorte de rente dans la situation des propriétaires, notamment des Parisiens, qui n’ont qu’à attendre pour que leur bien immobilier prenne de la valeur ?

En premier lieu, Paris n’est pas la France. Et puis, les prix ne montent pas partout. Ensuite, l’immobilier n’est pas une rente, c’est une protection, qui vous met à l’abri des aléas de la vie et allège le budget une fois la retraite venue. C’est une sorte de retraite par capitalisation qui ne dit pas son nom. C’est aussi le seul produit d’épargne qu’on peut souscrire à crédit. Les Français ont été assez déçus par les autres placements comme la Bourse, et préfèrent la pierre.

Que peut-on encore négocier quand on veut acheter dans un marché où l’offre est insuffisante ?

Vous savez, aujourd’hui, l’information a changé de camp. Avant, les gens venaient nous voir pour connaître des prix auxquels ils n’avaient pas accès. Avec Internet, les acheteurs ont les prix. Et comme les vendeurs ont tendance à surestimer la valeur de leur bien, notre rôle, c’est d’aider la transaction à se faire. C’est pour cela qu’à Paris, dans notre réseau, le taux de négociation a augmenté. Il est passé de 2,6 en 2018 à 3,6 %.